Petite histoire des trois constructeurs automobiles orléanais

Voiture Fortin-Jourdin


Jules Fortin naquit à Paris en 1856. Il devint artisan électricien et s’installa boulevard Rocheplatte, à Orléans, dans un hangar où les fiacres stationnant devant la gare d’Orléans étaient remisés (le chemin de fer ayant été créé en 1843, avec la ligne Paris-Orléans).
Jules Fortin en bon électricien avait la maintenance du groupe électrogène qui fournissait l’électricité du cinéma « le Royal » qui autrefois était l’ancien cirque d’hiver : « l’Alhambra ».
Dans le garage du boulevard Rocheplatte, Jules s’était associé à son gendre, Charles Jourdin qui avait en charge la partie commerciale.
C’est ainsi que vers 1909, les premiers véhicules sortirent de l’atelier.
En fait très peu de voitures Fortin-Jourdin virent le jour ; sept auraient été recensées et à ce jour seul un exemplaire serait encore existant.
Il est exposé à la « Grange Rétro » à La Ferté-Saint-Aubin.

Voitures Octave Poignard


Octave Poignard naquit à Brinon-sur-Sauldre, dans le Cher. Il fréquentait Louis Blériot qui possédait une vaste propriété à Chaumont-sur-Tharonne, un lieu où les pionniers de l’aviation se retrouvaient. Il y avait même une piste aménagée au milieu des bois.
Octave était mécanicien de métier et devint un constructeur automobile assez imaginatif.
Il voulait un modèle de voiture simple, léger et peu coûteux. La construction débuta vers 1910, avec un système de refroidissement par air, avec ce procédé la voiture était allégée.
L’originalité de la transmission se fait par friction, comptant huit gradins donc huit vitesses. Imaginez un instant, pour atteindre les 60 km/h le nombre de coups de pédales…!
C’est seulement après la guerre 14-18 que les véhicules furent équipés d’une boite classique.
Octave était aussi un fabuleux inventeur. Outre les automobiles, il construisit un biplan, des microtracteurs, des machines outils et même des enseignes lumineuses.
Son atelier était installé au, 36 rue Verte, aujourd’hui rue Émile-Zola, à Orléans. Avec toute son ingéniosité, il aurait pu faire fortune en déposant des brevets mais il finit ses jours rue Émile-Zola dans la plus grande misère.
Aujourd’hui nous ne connaissons qu’un seul modèle de voiture dite « Gazelle », il date de 1922 et il se trouve dans le Loiret…

Delaugère et Clayette


Un nom mythique dans l’orléanais pour les passionnés d’automobile.

L’histoire débute en 1855 avec Jean-Pierre Delaugère, sellier de métier, qui se lance dans la fabrication de fiacres, au 89, rue d’Illiers à Orléans.
Jean-Pierre décède en 1868 et c’est son épouse, puis ses deux fils, Henri et Émile, qui poursuivent l’activité.
L’ère des « chevaux à crottin », commence à disparaître et c’est sous l’impulsion de Félix, fils d’Henri Delaugère que les chevaux vapeurs, cette fois, entrent en course…
C’est en 1895 que le premier quadricycle est construit rue d’Illiers, équipé d’un moteur monocylindre qui fonctionne au pétrole.
Le succès se confirme et trois ans plus tard, les voitures Delaugère sont présentes au premier salon automobile de Paris.
Félix Delaugère se rapproche alors de la famille Clayette à Meung-sur-Loire, spécialisée dans la fabrication d’engrenages et autres pièces destinées notamment aux moulins, très présents à Meung.
Le logo de la marque fait apparaître les deux noms : Delaugère et Clayette, avec comme emblème Jeanne d’Arc, devenant ainsi la mascotte des bouchons de radiateur.
La marque passe la vitesse supérieure et s’installe faubourg Madeleine, à Orléans, aujourd’hui à l’emplacement de la résidence des « Beaumonts ».
Entre 1906 et 1908, l’usine compte 350 ouvriers et fabrique même des camions qui seront primés en 1912.
Pendant la première guerre mondiale, l’usine sera réquisitionnée pour fabriquer des obus alors que les camions et autres véhicules seront réquisitionnés pour le conflit.
À la sortie de la guerre la marque est confrontée à la nombreuse concurrence : Citroën, en 1919 fabriquait, à lui tout seul, 3000 véhicules. C’est le nombre de voitures que la marque Delaugère fabriqua de 1905 à 1925.
La marque était alors en déclin, elle vendit la moitié de ses parts à Panhard. Delaugère produisit des moteurs sous sa propre marque jusqu’en 1922.
La dernière voiture sortit en 1921 : un six cylindres, ce fut le « champ du cygne ». L’usine ferma ses portes en 1966.
Aujourd’hui 26 voitures de la marque existent encore dont six à l’étranger.
Dans le Loiret, sept exemplaires rappellent que la marque chante toujours à l’oreille des connaisseurs.